À Redon, en Ille-et-Vilaine, la Croix-Rouge et le Secours catholique ont noué un accord avec le lycée privé Marcel Callo pour aider leurs bénéficiaires à entretenir leur véhicule.
Article « LA VIE » du 7//03/22
Derrière ses lunettes aux verres teintés, Ghislaine Vanwetter couve du regard sa vieille Renault Megane de 1997. Des élèves de la filière maintenance automobile du lycée privé Marcel-Callo, de Redon, s’affairent à lui redonner une seconde jeunesse. Cette fois-ci, c’est pour une vidange. « J’espère qu’elle tiendra encore un ou deux ans », soupire-t-elle. « Sans elle, je me suis déjà retrouvé à faire du stop à 77 ans, avec mon sac de courses et ma béquille, suite à une opération de la hanche. J’ai eu peur. »
Comme Ghislaine, d’autres bénéficiaires des antennes locales de la Croix-Rouge et du Secours catholique rencontrent des difficultés à payer les frais d’entretien de leur véhicule. Et la faible offre en transports publics renforce les problèmes de mobilité. « Les gens habitent une commune, travaillent dans l’autre. Sans voiture, c’est très difficile dans le secteur », constate Yves Bocquet, président de la Croix-Rouge redonnaise.
Pour y remédier, les deux associations, regroupées en Redon Mobilités partagées, ont signé un partenariat avec le lycée Marcel-Callo : lorsqu’un de leurs bénéficiaires rencontre des soucis avec sa voiture, elles prennent contact avec deux professeurs retraités de l’établissement. Ces derniers déterminent si le lycée peut intervenir ou non, selon la complexité de la panne et la disponibilité des élèves. Mais pas gratuitement.
Ne pas concurrencer les garages
« Il faut que la personne puisse fournir les pièces, mais elle ne paiera pas la main-d’œuvre », détaille Grégoire Deheunynck, l’un des deux professeurs. Pas question non plus de concurrencer les garages installés en ville. « Nous ne sommes pas un garage solidaire qui pourrait concerner monsieur tout-le-monde. Nous effectuons des réparations solidaires, pour les gens dans le besoin. Chacun reste à sa place », appuie Vincent Maisonneuve, le directeur du lycée.
Du côté des lycéens, l’initiative ne laisse pas insensible. Occupée près des moteurs sur châssis, Lou Menard, élève de seconde en maintenance automobile, résume le sentiment général : « Apprendre dans ces conditions, c’est gratifiant. Ça nous met en valeur et nous faisons une bonne action. »